Si les épreuves d'admissibilité (écrit) et d'admission (oral) de l'ESIT et de l'ISIT ne sont pas exactement identiques, elles présentent néanmoins suffisamment de similitudes pour qu'il soit tout à fait possible de se préparer simultanément aux deux examens. C'est d'ailleurs ce que font de nombreux candidats. Il importe donc de saisir l'esprit général de ces tests. Ils ont en effet pour but d'évaluer la capacité d'un candidat à comprendre et à enregistrer une information dans un délai très court, d'en saisir les nuances et de la restituer fidèlement. Il s'agit, en somme, des prérequis pour un futur interprète.
Les épreuves d'admissibilité
A l'écrit, il n'est pas possible de choisir la langue avec laquelle on est évalué. Les tests sont toujours en français et en anglais, chaque langue comptant pour 50% de la note.
A l'ESIT, quatre textes sont présentés au candidat, deux en français et deux en anglais. Il s'agit le plus souvent d'articles de presse issus de journaux de référence comme Le Monde ou The Economist. Un QCM accompagne chaque article et permet d'évaluer la compréhension fine du texte par le candidat.
La difficulté tient essentiellement au temps dont dispose le candidat pour répondre. Les articles sont relativement longs, soit environ deux pages dactylographiées chacun, les QCM comprennent entre 15 et 20 questions et l'ensemble du test doit être réalisé en 1h30. Ce qui laisse environ 20 minutes par texte au candidat, QCM compris (l'exemple ci-dessous n'est donc qu'un exemple partiel, donné à titre indicatif). Pour être admissible, il faut en général obtenir la note de 13 sur 20.
Pour se préparer :
il est nécessaire de lire très régulièrement la presse dans les deux langues et de ne négliger aucun type de sujet : géopolitique, société, vie politique nationale, mais aussi technologies et sciences, culture et même... sport !
Il est également possible d'acheter les annales des précédentes années sur le site de l'ESIT : http://boutique.univ-paris3.fr/esit/index.php?id_category=31&controller=category&id_lang=5
Un exemple (non officiel) :
Qui ne rêve pas d’être un bon orateur… de pouvoir, en parlant, intéresser et même captiver son auditoire… de partager ses idées ou d’exprimer ce qu’il a sur le cœur ? L’histoire nous apprend que ce qui est considéré de nos jours comme un talent (on parle bien de "talent oratoire") fut pendant des siècles une discipline, une discipline scolaire, et peut-être même la principale discipline. (...) En effet, beaucoup de Français se considèrent mauvais à l’oral… héritage de notre système scolaire, dans lequel la préférence pour l’écrit s’est renforcée au fil du temps… Le système d’examens et de sélection basé sur l’écrit (d’où l’attachement à l’orthographe) s’est renforcé à partir du XIXème siècle et on a depuis longtemps oublié qu’au tout début, en 1809, le Baccalauréat était un examen qu’on passait uniquement à l’oral - la première épreuve écrite date de 1830, elle était optionnelle. Mais la France renoue avec l’oral ! Depuis le succès du film A voix haute, en 2016, qui montrait le processus de préparation à un concours d’éloquence, les ouvrages de méthode rhétorique et les guides sur la prise de parole se multiplient, et on a vu d’autres films, notamment de fiction, sur le sujet… Cet engouement est-il une mode ou un vrai changement ? Cette parole encouragée est-elle codifiée, normative, glottophobe, ou permet-elle de laisser s’exprimer tous les individus ? L’oral donc pour savoir et pouvoir prendre la parole – un véritable enjeu éducatif, personnel, collectif, et un enjeu politique car porter sa parole, c’est affirmer ses idées dans l’espace public. ( Être et avoir", France Culture, 4.11.2018 )
QCM. Indiquez laquelle de ces affirmations est la plus proche du sens du texte :
1) L'art oratoire :
a. est la capacité de prendre la parole en public avec éloquence.
b. n'est plus enseigné aujourd'hui à l'école.
c. est un le sujet d'un nombre croissant d’œuvres et d'ouvrages divers.
2) La capacité à s'exprimer en public :
a. a longtemps été considérée comme une qualité qui s'acquière par l'apprentissage et le travail.
b. est un sujet de mode lancé par le marketing des maisons d'édition.
c. nécessite de maîtriser les codes de la rhétorique et de l'éloquence.
3) Le système scolaire français :
a. a tendance à négliger l'apprentissage de l'oral.
b. n'évalue plus les élèves aujourd'hui qu'à l'écrit.
c. entend aujourd'hui renouer avec l'apprentissage de l'oral.
etc.
Aux épreuves de l'ISIT, les QCM sont très semblables (15 questions environ) mais ils portent sur des documents audios, à savoir des discours prononcés le plus souvent dans un cadre officiel. Là encore, le test comprend quatre discours : deux en français et deux en anglais.
Exemple (non officiel) :
Premières minutes du discours du président Emmanuel Macron, le 7 février 2020.
1) Ce discours d'Emmanuel Macron est prononcé :
a. à l'École de Guerre
b. au Ministère de la Défense
c. Au ministère de la Guerre
d. Au ministère des Affaires étrangères
2) Le discours porte sur :
a. les dépenses en matière de défense
b. l'organisation de l'armée française
c. la stratégie de la France en matière de défense
d. la doctrine nucléaire de la France
etc.
Particularité à l'ISIT, deux QCM (toujours un en anglais et l'autre en français) de culture générale sont proposés. La majorité des questions a pour but d'évaluer la connaissance du monde contemporain par le candidat mais certaines peuvent aussi porter sur l'Histoire du Xxe siècle ou sur des connaissances scientifiques basiques.
Exemple de questions qui auraient pu tomber en 2019 (non officiel) :
En 2018, l'Arabie saoudite est ébranlée politiquement par "l'affaire Kashoggi". Il s'agit :
a. d'un missile tiré par erreur sur des populations civiles au Yémen.
b. de l'assassinat d'un journaliste saoudien dans le consulat Turquie.
c. de l'assassinat d'un journaliste turque dans le consulat d'Arabie saoudite.
d. d'un scandale sexuel frappant un haut dignitaire saoudien.
Le parlement des États-Unis est composé de deux chambres. Lesquelles ?
a. l'Assemblée nationale
b. la Chambre des représentants
c. le Congrès
d. le Sénat
Quel savant fut condamné par le tribunal de l'Inquisition en 1633 ?
a. Galilée
b. Copernic
c. Newton
d. Spinoza
Pour se préparer :
il est là encore très utile de lire la presse régulièrement mais aussi d'écouter des discours en français et en anglais. A cette fin, les enseignants et les étudiants recommandent de s'entraîner à partir du site "Speech repository", précieuse banque de discours de la Commission européenne : https://webgate.ec.europa.eu/sr/
A la différence de l'ESIT, l'ISIT met gratuitement en ligne les annales de ses épreuves. Elles sont consultables ici : https://www.isit-paris.fr/grande-ecole-communication-traduction/admission-master-interpretation-de-conference/
Les épreuves d'admission
C'est là que le choix de votre combinaison linguistique est important.
Pour l'ESIT, l'examen oral dure environ une demi-heure et se déroule devant un jury composé de trois interprètes selon les étapes suivantes :
Bref entretien et questions sur des sujets d'actualité.
L'un des membres du jury présente un cours exposé (environ 3 minutes) dans la langue A du candidat. Il ne peut pas prendre de notes et doit ensuite reformuler le message dans sa langue B.
Un deuxième exposé est ensuite présenté dans la langue C du candidat qui doit le reformuler dans sa langue A.
A l'ISIT, l'esprit de l'épreuve est très similaire, même si les modalités sont légèrement différentes :
Le candidat passe une série d'entretiens avec le jury dans les trois langues de sa combinaison. Les échanges portent sur des sujets de culture générale et plus particulièrement sur les pays correspondant à ces trois langues.
Puis le candidat doit restituer, dans sa langue A, des discours d'environ 3 minutes tenus dans ses langues B et C.
Pour se préparer :
Il est possible de se procurer des annales, sous forme de CD à acheter en ligne pour ce qui est de l'ESIT, gratuitement pour ce qui est de l'ISIT.
Mais, autant que faire se peut, il faut s'exercer à parler régulièrement dans les langues de sa combinaison et, si possible, avoir des conversations avec des personnes qui maîtrisent au moins deux langues, en "swichant" régulièrement. Pour ceux qui habitent dans une grande ville, il est relativement facile de discuter avec des expatriés qui souhaitent rencontrer des autochtones pour échanger et découvrir le lieu où ils habitent (les groupes Facebook de ce type sont nombreux).
Enfin, le dernier et, espérons-le, le plus utile des conseils est de ne pas se décourager, ni de se laisser intimider par le caractère sélectif de ces examens (qui sont, de fait, des concours). Il est très difficile d'estimer ses propres chances de réussite et de nombreux étudiants disent avoir été les premiers surpris par leur succès. Surtout, on a toujours intérêt à se fixer des objectifs élevés. L'investissement dans un travail exigeant a parfois des effets très inattendus... Bon courage à tous !
Enseignant et passionné par les langues étrangères, j'ai créé ce site en 2019.
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